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Nous avons décidé de partir à la rencontre de joueuse de rugby fauteuil. A travers leurs portraits, nous découvrons les valeurs communes à tous les rugbys telles que la solidarité, la convivialité, l’esprit d’équipe et le dépassement de soi.

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Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir Orane Brouillet. Cette acharnée de rugby s’entraîne une quinzaine d’heures par semaine et évolue avec l’ASM omni sports. Sa motivation, sa détermination et ses performances lui ont ouvert les portes du haut niveau. En effet, Orane est la première femme à faire partie de l’équipe de France développement (dont le stage de rentrée a hélas été annulé à cause de la crise sanitaire). Voici le portrait de cette femme qui a le rugby chevillé au corps.

Crédit photo : USAL Limoges Rugby

Orane Brouillet, qu’est-ce qui t’a menée au rugby ?

Au départ, je suis originaire de Paris. En 2008, quand je suis arrivée à Clermont-Ferrand pour intégrer l’IUT Réseaux & Télécommunications, j’ai rencontré Adrien Chalmin. C’est un joueur de l’équipe de France de rugby fauteuil et il venait tout juste de créer le club. Avec Adrien, c’était la première fois que je voyais une personne autonome qui conduisait, qui faisait du sport, et cette indépendance me plaisait. Il m’a proposé de venir essayer le rugby. Ça me tentait mais je voulais d’abord finir mes études et avoir un travail avant de m’investir dans le sport.

Une fois que c’était fait, je l’ai recontacté pour faire un essai à la section rugby fauteuil de l’ASM Omnisports. En plus, je venais de voir un match de rugby fauteuil à la télé aux jeux olympiques et paralympiques de Londres et ça m’avait vraiment donné envie. Je me suis donc lancée, j’ai fait l’essai et là, ça a été une immense découverte. J’ai immédiatement été prise de passion pour ce sport.

Il faut savoir que quand j’étais jeune, mon prof de sport me mettait toujours de côté. Il ne voulait pas prendre le risque de m’inclure dans les activités. Plus tard, au collège, j’étais dans un établissement avec handi et valides. Là-bas, on avait 4h d’EPS par semaine. Mais j’avais souvent des séances de kiné et des soins sur ces créneaux. J’étais vraiment frustrée de ne pas avoir accès à l’activité physique.

Finalement, j’ai découvert le sport sur le tard. Et depuis que j’en fais, j’éprouve un sentiment de liberté ! C’est devenu mon mode de vie. C’est comme ça que je trouve mon équilibre.

Orane Brouillet
Orane Brouillet et son équipe. Crédit photo : USAL Limoges Rugby

Qu’est ce qui te plaît dans le rugby fauteuil ?

La première chose qui m’a plu, c’est le fait de pratiquer un sport d’équipe. On est plusieurs sur le terrain à se battre pour la même chose. Ensuite, j’adore l’aspect stratégique et le contact.

Moi, je suis classée 2 points mais, comme je suis une femme, je joue à 1,5 sur le terrain [le rugby fauteuil est un sport mixte et les femmes bénéficient d’une classification favorable de 0,5 point pour permettre d’équilibrer les forces]. Même si je peux faire des remises ou porter le ballon en dernière solution, mon premier rôle est de défendre. J’ai une grille sur le devant de mon fauteuil pour les contacts. D’un point de vue stratégique, je dois anticiper les mouvements de l’adversaire, le surprendre dans ses déplacements et l’empêcher d’avancer.

Est-ce que tu peux nous parler de tes entraînements ?

On a deux entraînements par semaine : le lundi de 19h30 à 21h30 et le mercredi de 18h à 20h.

A côté des entraînements, j’ai trois sessions d’1h30 à 2h de prépa physique par semaine.

Et puis je m’entraîne 3 fois par semaine, pendant des sessions de 2h, sur de la technique individuelle comme le travail de précision de passe, la puissance, le redémarrage, le rebond, etc. Au final, ça fait entre 14 et 16h d’entraînements par semaine.

Orane Brouillet
Orane Brouillet et son équipe. Crédit photo : USAL Limoges Rugby

Est-ce que tu as des liens avec l’équipe féminine de l’ASM Romagnat ?

Oui, tout à fait. Je m’entraîne avec l’équipe de l’ASM Romagnat pendant la prépa physique. Ça nous a permis de nouer des liens d’amitié. Quand elles jouent, on va les voir et quand on joue, elles viennent nous encourager. Je suis aussi le parcours de Caro, Elise ou Emma en équipe de France.

D’ailleurs, pour l’anecdote, dans ma famille, on a toujours aimé le sport et on suivait les matchs du XV de France féminin. Quand j’ai commencé le rugby et la prépa physique, je me rappelle avoir vu arriver Caroline Thomas. Sur le moment, son visage me disait quelque chose mais je n’arrivais pas vraiment à la remettre. C’était une personne chaleureuse, on avait discuté en toute simplicité. Le soir, quand j’ai réalisé que c’était une joueuse de l’équipe de France… j’étais vraiment surprise qu’elle soit si accessible ! C’est une rencontre qui m’a vraiment marqué (rires).

Tu as participé à la Women’s Cup organisée par CAPSAAA l’année dernière, est-ce que tu peux nous en parler ?

Le rugby fauteuil est un sport mixte mais, même à l’échelle mondiale, peu de femmes le pratique. L’objectif de la Women’s Cup est de montrer qu’elles ont leur place dans le monde du rugby fauteuil, qu’elles ont la gagne, le même goût du challenge et du contact.

Lors de la dernière session, on était 35 joueuses réunies et on a pu créer des équipes par origine géographique. De mémoire, il y avait l’équipe France, les USA, l’Amérique du Sud, l’Asie-Océanie et le reste de l’Europe, soit 5 équipes engagées.

Lors du match de gala, on a rencontré les USA. On a perdu le match à un point d’écart. C’était la première fois qu’on évoluait ensemble, parce qu’évidemment, on ne peut pas se réunir régulièrement. Mais pourtant, on a vraiment joué en osmose. On s’est toutes engagées totalement, portées par l’esprit d’équipe. Et le public nous encourageait avec ferveur. C’était fabuleux.

Je me suis inscrite à la prochaine édition qui se déroulera à Paris les 5 et 6 décembre prochain, si la situation sanitaire le permet.

Un mot pour conclure ?

Si vous n’êtes jamais venus voir du rugby fauteuil, venez ! Déjà, l’entrée est gratuite, et vous serez impressionnés par les capacités physiques et d’engagement que les joueurs peuvent développer sur le terrain, le bruit lors des contacts.

Et pour ceux qui voudraient essayer, sachez qu’il y a toujours un fauteuil d’essai en club pour faire découvrir le rugby. Vous verrez qu’on ne risque pas de tomber de son fauteuil ou de faire des tonneaux parce qu’on est bien attaché.