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Deux fois championnes du monde en 2013 et en 2018 (elles battent la France en finale), 6 fois vainqueurs des World Series (sur 8 ans d’existence du championnat), les Black Ferns règnent sur le rugby féminin 7s tout comme le rugby féminin à XV (et tout comme le rugby masculin…) mais pourtant elles perdent en finale des JO de Rio. Remporteront elles le tournoi cette année ?

Pauline Biscarat et Clémence Gueucier nous livrent leurs impressions sur les Black Ferns avant le démarrage des Jeux Olympiques de Tokyo.

Le profil de nos expertes

Clémence Gueucier, ancienne internationale 7s, a fait partie de la première vague de contrat pro en 2014. Elle clôture sa carrière internationale en 2017 mais continue de jouer en Elite à Bobigny. Elle a passé un diplôme de préparation mentale et a basculé progressivement de l’autre côté du terrain, en devenant entraîneur du groupe France 7s développement et France 7s U18. Elle est également manager de la toute nouvelle académie espoir d’Aulnay.

Pauline Biscarat, ancienne internationale 7s, a fait partie de la première vague des 16 contrats pro établis en 2014. Elle a participé aux JO de Rio et a arrêté sa carrière internationale en 2019. Pauline Biscarat c’est la Terry Bouhraoua version féminin, petit gabarit feu follet ! Elle nous livre ses impressions avant le démarrage des JO.

Les Black Ferns auront elles leur revanche des derniers jeux en remportant le tournoi cette année ?

Pauline : Les NZ on les adore. Cette équipe c’est la classe incarnée. On les connait par cœur car on les a vraiment beaucoup jouées. C’est une équipe hyper plaisante à jouer car ça va fort de partout. Quand tu joues contre elles, il faut monter son niveau de jeu, ça te pousse vers le meilleur. Ce sont des filles qui aiment le jeu, qui aiment jouer. Même si elles perdent, elles viennent te taper dans la main, te sourire, “bien joué” ! Elles prônent le beau jeu.

J’adore cette équipe, j’adore ces filles. Elles s’entrainent énormément, elles ont toujours la banane, elles se comportent très bien en dehors du terrain, la classe !

Elles viennent de remporter le championnat Océanie en battant par 2 fois les australiennes 34-05 puis 26-05. C’est un message fort juste avant les JO.

Pauline : Elles sont prêtes ! C’est un gros message qu’elles ont envoyé. Elles ont joué avec une équipe élargie, avec des jeunes. Elles sont en forme, elles ont leurs repères. Il y a juste Niall Williams qui est blessée mais sinon elles ont leur grosse équipe.

En Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup de moins de licenciées (filles) qu’en France, le championnat jeune est beaucoup moins développé. Comment elles arrivent à atteindre un tel niveau et à rester au sommet du rugby féminin mondial ?

Pauline : C’est comme les gars, ce sont des filles qui sont baignées dans le rugby. Quand tu vas à l’école en primaire, tu y vas avec tes crampons. Dans la cours de récréation, nous on a la marelle et le ballon rond, eux ils ont le ballon ovale. Ils jouent tout le temps. C’est ancré dans leur culture, ils ont une histoire particulière avec ce sport. Ça se sent quand tu vas là bas.

Ils ont aussi une autre façon de l’amener chez les jeunes. Il y a des catégories de poids et non pas d’âge. Les jeunes plus grands et plus forts que leur catégorie d’âge ne peuvent pas s’asseoir sur leurs qualités physiques, ils sont mis avec les enfants du même gabarit. C’est pour cela qu’ensuite un talon à XV va te faire une passe de 25m.

Ils jouent à tous les rugby, le touch, le 7s, le XV, le XIII, il n’y a pas de sous-rugby. Tout le monde sait jouer.

Clémence, as-tu une anecdote à nous partager avec la Nouvelle-Zélande ?

Clémence : Ruby Tui avait oublié au tournoi au Canada son bonnet sur la table, ça devait être en mars ou avril. Par le biais des réseaux sociaux, on lui avait dit qu’on avait son bonnet, qu’on allait lui faire visiter la capitale. On avait pris une photo du bonnet dans les tribunes à la finale du TOP14. Au tournoi suivant, on lui a rendu son bonnet. On a commencé à sympathiser comme ça.

L’année suivante, lorsqu’elles sont venues jouer à Paris, on leur a fait visiter Paris avec ma sœur bilingue. Elles voulaient manger des escargots, des spécialités françaises. On est allées en manger avec ma sœur, Ruby Tui, Stacey Waaka (Fluhler), Michaela Blyde et Tyla Nathan Wong. On était dans une brasserie parisienne quelques jours avant le tournoi. A ce moment, je ne jouais plus, je trouvais sympa qu’une ancienne joueuse leur fasse visiter Paris.

Quand, en tant qu’entraineur, je suis allée en Nouvelle-Zélande avec l’équipe développement, Tyla Nathan Wong l’année dernière et Ruby Tui l’année d’avant nous avaient fait visiter leur pays. Elles avaient discuté avec les jeunes joueuses, on avait pu visiter leur centre d’entrainement.

Ce bonnet a été un levier fort pour discuter et créer du lien. Demain je vais en NZ, ce sont des filles qui nous ouvre leurs portes avec simplicité, c’est sympa.

Infographie : Les cinq derniers matchs France – Nouvelle Zélande