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Pauline Biscarat, ancienne internationale 7s, a fait partie de la première vague des 16 contrats pro établis en 2014. Elle a participé aux JO de Rio et a arrêté sa carrière internationale en 2019. Pauline Biscarat c’est la Terry Bouhraoua version féminin, petit gabarit feu follet ! Elle nous livre ses impressions avant le démarrage des JO.

Les USA sont une nation qui était sur une phase forte de progression avant la longue coupure Covid. Elles terminent 2ème des World Series en 2019, remportent le dernier tournoi de 2019 à Biarritz puis le premier tournoi de la saison suivante à Glendale.

Alev Kelter et Coralie Bertrand en photo de couverture : World Rugby

Quelle performance les USA pourraient-elles réaliser aux JO ?

Je ne sais pas comment elles ont réagi au covid, je ne sais pas comment elles sont entrainées. On ne les a pas vu sortir depuis longtemps. On les a joué à Dubai mais il n’y avait pas tout le monde. A partir du moment où Kelter n’est pas là, ce n’est pas la même équipe.

Quoi qu’il arrive, c’est une équipe où il y a de gros gabarits, des filles qui courent très vite sur les extérieurs. Elles ont de très bon coup d’envois. C’est une équipe dangereuse, elles font parties du top 5. Il faut les priver de ballon, les agresser. Il faut être très solidaire en défense, être vite debout. Comme elles vont très vite, il faut être deux contre une.

Quelles sont les joueuses clés de leur équipe ?

Alev Kelter est une magicienne du rugby et elle impulse toute son équipe.

Naya Tapper, la grande l’ailière, est très rapide. Lorsqu’elle est lancée le long de la touche, ce n’est pas simple ! C’est pour cela qu’il faut vite les agresser, ne pas les laisser jouer. Si tu laisses 20m d’élan à cette fille, même si tu t’appelles Camille Grassineau, ce n’est pas facile.

As-tu une anecdote à nous partager d’un match contre les USA ?

C’est la honte pour Chloé Pelle et pour moi mais bon… C’était un tournoi avant les JO. On avait du mal sur ces fameux coup d’envoi. Elles les tapent en zone zéro, les 6m en face de la botteuse. C’est des zones où généralement les botteuses n’ont pas l’habitude de taper. Mais Kelter les tape très bien avec de grandes filles qui viennent à la réception. Elles avaient repéré que c’était un problème chez nous, on savait qu’elles allaient nous taper dessus.

David Courteix nous dit Biscarat et Pelle (les plus petites de l’équipe), vous allez nous faire un demi bloc et vous allez nous rattraper tout ça. Je n’avais jamais fait de demi bloc de ma vie ! Je pensais que c’était une blague mais j’ai vite compris que non. Premier coup d’envoi, Kelter me regarde, je me dis avec Chloé c’est pour nous. Chloé Pelle me serre le short, effectivement Kelter nous envoie une grande chandelle. Je saute, j’ai le ballon dans les mains, trop fière, trop stylé. Là, juste avant de redescendre, une grande américaine arrive, saute 10cm, met une pichenette dans le ballon, le récupère et va à l’essai. Chloé m’avait à bout de bras et l’américaine avait à peine sauté, la honte !

On y retourne. Coup d’envoi, Kelter me regarde et la même. Déterminée comme jamais, je saute à nouveau, Chloé me porte. La même fille, elle passe derrière mon dos, prend le ballon et nouvel essai. Je n’ai même pas regardé David, j’ai dit à Marjorie d’aller au milieu. En moins de deux minutes Chloé et moi on a mis toute l’équipe dans le mal. Beau moment de solitude…

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