Pauline Biscarat, ancienne internationale 7s, a fait partie de la première vague des 16 contrats pro établis en 2014. Elle a participé aux JO de Rio et a arrêté sa carrière internationale en 2019. Pauline Biscarat c’est la Terry Bouhraoua version féminin, petit gabarit feu follet ! Elle nous livre ses impressions avant le démarrage des JO.
Photo de couverture : Didou17 – Clermont7s 2017
Le XV est le rugby le plus médiatisé, mais c’est la version 7s qui est aux JO. Est-ce que tu peux nous expliquer les principales différences entre ces deux rugby ?
Mon ancien entraineur [David Courteix], il aime à dire que c’est de l’hyper rugby. Je suis vraiment d’accord avec cela, c’est comme le rugby à XV mais avec une exigence folle dans tous les domaines : physique, technique, tactique, stratégique. Il faut tout faire mieux plus vite et plus fort. L’exigence est poussée à son paroxysme.
C’est un jeu très aéré, avec des athlètes sur le terrain. Ca va à 10 000 à l’heure, avec des espaces de partout. Il y a des essais toutes les minutes. C’est vraiment un sport spectacle. Pour tous ceux qui ne sont pas des spécialistes rugby, ça se regarde très facilement. Il n’y a pas beaucoup de mêlées, peu de jeu au pied, peu de fautes techniques, toutes les pénalités sont jouées vite, le jeu est très compréhensible. N’importe qui peut comprendre le rugby 7s, c’est moins vrai sur le rugby à XV. C’est pour cela que c’est aux JO.
Qu’est ce qui ne change pas entre ces deux formes de rugby ?
Ca reste du rugby, c’est un sport collectif de combat. Tu dois évoluer en tant qu’équipe car seul tu n’es rien, c’est l’essence même du rugby que ce soit à XV ou à 7s, c’est ça qui fait la beauté de notre sport. Ce sont les mêmes règles, le même arbitre, le même terrain, le même ballon, le même état d’esprit. C’est juste que l’exigence à 7s est plus importante.
Comment s’organise un tournoi de 7s ?
Pour les Jeux, c’est sur 3 jours, 2 matchs par jour mais souvent c’est sur 2 jours. Tu t’organises en fonction de ton premier match : le lever 5h avant, une douche chaude pour se réveiller, le petit déjeuner. Tu dois arriver au petit déjeuner déterminée car tout le monde se regarde dans la salle. Les attitudes ne trompent pas dès le matin, il faut être à fond même si il est 5h du matin. Ensuite tu pars faire un déverrouillage, puis c’est le départ au stade avec la musique. Tu te prépares, tu te mets dans ta bulle. Tu commences ton premier match puis glace, boisson, si tu as le temps tu manges, une petite sieste, le brief et ça recommence.
Ainsi de suite pour les six matchs. C’est assez redondant. Le faire six fois, c’est dur physiquement mais surtout psychologiquement. Il faut être costaud. Si tu as une victoire c’est bien mais il faut vite passer à autre chose. Si tu as une défaite, c’est con, mais il faut vite passer à autre chose. Il faut basculer sur le match suivant tout de suite, c’est du on/off tout le temps. Il faut gérer les temps forts et les temps faibles.

Comment se joue l’aspect mental sur un tournoi avec plusieurs jours sur plusieurs matchs ?
L’aspect mental, sur le 7s, il est décuplé.
Le deuxième jour quand tu te réveilles, que tu as mal partout, que tu ne peux pas te lever et que tu dois jouer les NZ, parfois tu demandes ce que tu fais là. C’est que du mental. Il faut être hyper solide dans sa tête. Ca, c’est aussi dans le suivi toute l’année avec les entraineurs. Le quotidien du 7s, c’est très très dur. Si tu n’es pas prête dans ta tête, le 7s, tu ne peux pas le jouer à haut niveau. Les filles sont complètement tarées, il faut vraiment avoir un problème pour faire du 7s.
Quelles sont les qualités nécessaires pour jouer au rugby 7s ?
Je dirais en numéro un le mental. Pour espérer être dans cette équipe de France, être heureuse et performer, il faut un mental de ouf car c’est vraiment dur tous les jours. Il n’y a pas un seul entrainement tranquille, chaque entrainement est difficile. C’est toujours de l’hyper rugby, il faut être prête.
Ensuite il faut de belles qualités techniques, avec au moins un point fort, soit de la vitesse, soit une belle vision de jeu, soit des appuis.. Cela permet de s’appuyer sur un gros point fort et ensuite bosser, bosser…
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