World rugby a publié une étude statistique sur l’évolution du poids des joueuses entre les Coupes du monde de rugby 2010 et 2017. Auprès d’un échantillon de 958 athlètes féminines, ils ont mesuré l’évolution de leur masse corporelle et l’ont comparée dans le temps et entre deux groupes d’équipes, les nations “historiques” du rugby d’une part, et les nations “émergentes” d’autre part. Cette étude montre l’impact d’un début de professionnalisation du rugby féminin. Elle montre également une “différence de poids” entre les deux groupes de nations.
Crédit photo : Jérémy Babinet
L’impact de l’évolution des règles du rugby et du coaching
L’étude de World Rugby ne porte que sur trois Coupes du monde côté joueuses, mais ils ont pu mener une étude beaucoup plus poussée et détaillée sur leurs homologues masculins. Ce qu’elle a montré, c’est que les joueurs ont probablement atteint un pallier dans l’évolution de leur poids.
Les données sur les athlètes féminines ne sont pas suffisantes pour déterminer si un réel pallier a été atteint. Cependant, il est établi que les masses corporelles des joueuses et des joueurs sont liées aux exigences de leurs postes.
World Rugby avance l’hypothèse que les évolutions des règles du rugby demandent aux joueurs d’être plus endurants et résistants à la fatigue car il y a moins d’arrêts de jeu et les séquences de jeu sont donc plus longues. La deuxième hypothèse est que le coaching s’appuie davantage sur un jeu rapide et rythmé, exigeant une plus grande mobilité et vélocité des joueurs. La masse des joueurs doit donc s’adapter à ces nouvelles exigences. Et ce qui est vrai pour les hommes l’est tout autant pour les femmes.
Les avants féminines des nations « historiques » de plus en plus massives
Entre 2010 et 2017, les avants des meilleures nations (groupe 1) sont de plus en plus massives et l’écart se creuse avec les avants des équipes émergentes (groupe 2).
En 2017, une avant du groupe 1 pèse 83,8 kg en moyenne. C’est 4,4 kg de plus qu’en 2010. Mais c’est surtout 9 kg de plus qu’une avant d’une nation émergente.
Selon les postes, les pilières sont avec 86,7 kg de moyenne, les joueuses les plus massives de l’équipe. Les deuxièmes lignes ont des masses corporelles autour de la moyenne (79,4 kg).

Une évolution expliquée par un meilleur accompagnement des joueuses
Comment peut-on expliquer de tels écarts entre les équipes ? Depuis quelques années, les plus grandes nations du rugby se lancent dans la voie de la professionnalisation de leurs athlètes internationales. Elles bénéficient ainsi de meilleures conditions d’entraînement et elles commencent le rugby de plus en plus jeune. Ces pratiques encadrées, dans des centres de formations, permettent d’améliorer le niveau moyen des joueuses et leur préparation athlétique. Tous ces éléments favorisent un développement de leur potentiel physique.
L’écart se creuse entre les arrières des nations historiques et émergentes
En moyenne, le poids des arrières des meilleures nations augmente de façon continue depuis la première Coupe du Monde étudiée. En 2017, unearrière du groupe 1 pèse en moyenne 69,7 kg. C’est quand même 6 kg de plus que les arrières des nations émergentes.
Sans surprise, les plus petits gabarits des équipes sont les demies de mêlée puis les ailières. Les centres sont, quant à elles, les plus costaudes des arrières.

Cette étude démontre que les nations dont les joueuses sont professionnelles ou en voie de professionnalisation, sont les plus massives. Elle permet également de mesurer l’écart qui existe et qui s’accroît entre les meilleures nations du rugby et les équipes des nations émergentes. Si ces écarts persistent ou se creusent encore, seront-ils responsables d’un écart de compétitivité des équipes engagées dans les compétitions internationales ?
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