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Le lycée Nelson Mandela de Poitiers a lancé récemment une section rugby en partenariat avec le rectorat, la ligue Régionale Nouvelle Aquitaine de Rugby, le Comité Départemental de Rugby de la Vienne et le Stade Poitevin Rugby. Lorsqu’on est une jeune joueuse, l’inscription dans une section rugby d’un lycée permet de progresser dans la pratique de son sport tout en s’investissant dans une scolarité sérieuse. Vincent Lematte, le cadre technique référent de la section et responsable du centre de perfectionnement du Stade Poitevin, nous détaille le projet éducatif et sportif de la section. Elona et Aliana, nous apportent leurs témoignages.

Une section rugby récente

La section rugby a été créée à la rentrée 2019-2020. Comme l’indique Vincent Lematte, cadre technique référent de la section rugby : « Au départ, ca devait être une section exclusivement féminine. Il y a une structure identique au lycée Jean Daudet à La Rochelle. On s’était dit que ça serait bien de faire quelque chose sur Poitiers ». La mixité s’est finalement imposée. Cette année, il y a 3 filles sur les 10 joueurs que compte la section.

Le choix d’un lycée polyvalent

Le lycée Nelson Mandela est un choix délibéré des différents acteurs : « il y a beaucoup de lycée à Poitiers, explique Vincent Lematte. C’est une volonté de notre part d’être au lycée Nelson Mandela parce qu’il propose une filière générale et professionnelle. Ça permet aux gamins qui partent en filière professionnelle de continuer à faire du rugby. Ce qui n’est pas le cas de toutes les sections rugby qui sont souvent implantées dans des lycées qui ne proposent que des filières générales ».

Il y a aussi une section, qui existe depuis de nombreuses années, au collège France-Bloch-Sérazin à Poitiers. Sur les 25 joueurs, 4 ou 5 sont des filles.

Développer la performance sportive

Une section rugby permet aux élèves d’avoir des entraînements sur le temps scolaire. La direction du lycée et les équipes pédagogiques jouent le jeu en proposant des emplois du temps qui intègrent deux entraînements par semaine, les mardi et jeudi de 15h45 à 17h45. Pour Vincent Lematte : « on les fait bien travailler. Les gamins sont assidus et ils ont envie de bien faire. Le fait que ce soit dans le temps scolaire, c’est toujours appréciable. Et on travaille dans de bonnes conditions ». En effet, les jeunes bénéficient des installations sportives du lycée, un terrain juste à côté des salles de classes et une salle de musculation. Il n’est pas obligatoire d’être inscrit à un club de rugby pour intégrer la section. Mais ceux qui le sont cumulent alors 4 ou 5 entraînements par semaine.

Accompagner les jeunes sur le plan scolaire

Sur le plan de l’accompagnement scolaire : « on a un gros lot d’élèves de seconde qui sont tous réunis dans la même classe, explique Vincent Lematte. Ils bénéficient d’un suivi particulier avec leur professeure d’EPS et professeure principale, Danielle Dufour, qui fait un point hebdomadaire avec eux afin de savoir comment ça se passe sur le terrain et en classe. Comme ça, si ça se passe moins bien au niveau scolaire, on peut rapidement agir ». Les autres élèves sont en classes de première générale et professionnelle.

Joueuses de l'entente Ovalie Vienne 86 et de la section rugby
Entente Ovalie Vienne 86

Le recrutement des filles facilité par l’implication des acteurs de terrain

Est-ce difficile de recruter des filles en section rugby ? « Non, pas du tout. On a la chance d’avoir Marie Bayou, CTC (conseillère technique de club) qui travaille avec nous. Et puis toutes les filles jouent dans une entente, l’Ovalie Vienne 86, qui réunit tous les clubs du département jusqu’au niveau senior. Donc on a quand même quelques filles. Alors bien sûr, on aimerait en avoir plus, mais avec les orientations scolaires, ce n’est pas toujours évident non plus ».

En effet, l’année dernière, 4 jeunes élèves de seconde ont intégré la section rugby mais ont dû la quitter pour suivre un cursus scolaire et des options qui n’étaient pas proposés au lycée Nelson Mandela.

« Ici, pour le moment, ça reste une section de développement. On n’est pas une section sportive d’élite comme à La Rochelle, par exemple, où il y a plus de monde ». Les jeunes filles de la section ont des profils très différents qui vont de la débutante à la joueuse plus expérimentée.

Des joueuses débutantes et déjà passionnées par l’ovalie

Elona est élève de seconde. La jeune ailière a découvert le rugby au collège pendant des cours d’EPS. Elle s’est inscrite à la section rugby parce qu’elle aime jouer collectivement, à l’extérieur et qu’elle adore le contact, « surtout les plaquages » précise-t-elle. Aliana, pilière et fervente supportrice du Stade Toulousain masculin et féminin, a débuté le rugby à la rentrée : « au début, je voulais juste essayer parce que la plupart des gens de ma famille y jouent ».

Les deux jeunes filles se sont prises de passion pour ce sport, et font également partie du club de Poitiers. Après le lycée, Elona et Aliana souhaiteraient continuer à jouer au rugby. Si Elona pratique le rugby principalement pour s’amuser et se défouler, elle ajoute : « si je pouvais en faire mon métier… ou en tout cas, si je pouvais m’améliorer, ça, j’aimerais bien ».

Le rugby, “un esprit d’équipe formidable”

Que voudraient-elles dire aux filles qui hésitent à faire du rugby ou à leurs parents ? Pour Elona, c’est évident : « elles devraient quand même venir essayer. Les parents imaginent que le rugby c’est dangereux, comme on peut le voir à la télé, qu’on peut se blesser. Mais non, il faut essayer parce qu’ils ne savent pas vraiment de quoi ils parlent. Ce sport est vraiment génial. Ils ne voient que les blessures mais l’esprit d’équipe est vraiment formidable ! ».

La section rugby du lycée Neslon Mandela en est à sa deuxième année d’existence. Elle espère pouvoir accueillir de nouvelles (ou nouveaux) élèves qui souhaitent à la fois progresser dans leur pratique du rugby sans pour autant délaisser leur scolarité. Un grand merci à Vincent, Elona et Aliana pour leurs témoignages.

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