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En cette journée mondiale de lutte contre l’homophobie et transphobie, la FFR a annoncé la possibilité pour toutes les femmes, y compris transgenres, de pratiquer le rugby en compétition officielle. C’est la première fédération française à valider l’inclusion des Trans Identitaires dès la saison prochaine.

Une décision à contre-courant de World Rugby

En Octobre 2020, World Rugby ne recommande pas aux femmes transgenres de jouer au rugby de contact féminin au niveau international pour des raisons de sécurité.

Selon World Rugby, cette décision s’appuie sur des recherches effectuées sur la biologie transgenre et la performance. D’après celle-ci, les performances entre les hommes et les femmes biologiques varient de 10% à 160% selon les domaines. Par exemple, en moyenne, sur un sprint, un homme sera 10 à 15 % plus performant. Et même après la réduction de testostérone, les femmes transgenres qui ont eu une puberté masculine bénécifient d’avantages significatifs par rapport aux femmes cisgenres (nées avec un sexe biologique femme).

Ces écarts de performances sont liés aux différences de masse musculaire, de longueur du squelette, de la masse grasse, de la rigidité tendineuse ou encore de la capacité cardiovasculaire.

Deux exceptions pour World Rugby : les hommes transgenres et le rugby amateur

A cette règle, World Rugby érige néanmoins deux exceptions.

Tout d’abord, les fédérations nationales ont la possibilité d’adapter cette règle, au cas par cas, pour le rugby amateur. Autrement dit, World Rugby accepte une certaine flexibilité au niveau national.

Enfin, si les femmes transgenres ne peuvent pas jouer au rugby de compétition de niveau international pour des raisons de sécurité, World Rugby fait une exception pour les hommes transgenres. Le raisonnement peut d’ailleurs paraître étonnant. S’il est dangereux pour une femme cisgenre de combattre une femme transgenre, n’en serait-il pas de même pour un duel homme trans-cis ? Sur ce point, le communiqué de World Rugby et le résumé de l’étude scientifique ne donnent hélas aucun détail.

Néanmoins, World Rugby a le mérite d’avoir posé le sujet sur la table et lancé un débat. Ces questions de genre et de performance dépassent le cadre de la transidentité, comme avec les athlètes hyperandrogènes, par exemple. Ces sujets nous permettent de nous interroger, de manière plus générale, sur le sexe et le genre, et tous les préjugés associés.

La Fédération Française de Rugby résolument inclusive

Comme elle l’indique dans son communiqué : “la FFR est heureuse et fière d’accueillir, sans distinction de race, de religion, de sexe et désormais de genre, officiellement, celles et ceux qui comme nous sont unis par une même passion, le jeu de rugby“.

Comme l’a déclaré Serge Simon, vice-président de la FFR, à nos confrères du Monde : “Dans notre sport, nous nous targuons certainement un peu trop des “valeurs du rugby”, poncif parfois tourné en dérision. Des valeurs de fraternité et de tolérance où tous les profils et tous les horizons seraient acceptés. Il faut mettre les actes en adéquation avec les paroles“.

C’est ainsi qu’avec l’aide de la CADET (Commission Anti-Discriminations et Egalite de Traitement), composée de personnes reconnues et avisées à toutes les problématiques discriminatoires, la FFR a ainsi validé plusieurs préconisations pour l’inclusion des personnes trans.

La FFR ouvre les portes des compétitions aux personnes transgenres

Tout d’abord, les personnes trans réassigné(s) physiquement et reconnu(e)s dans leur sexe actuel, pourront jouer toutes les compétitions officielles, sans aucune condition préalable, dans la catégorie du sexe administratif.

Les personnes trans non opérées, qui sont reconnus administrativement dans leur nouveau sexe et qui prennent un traitement hormonal depuis au moins 12 mois, pourront participer aux compétitions. Une condition supplémentaire s’appliquera aux femmes transgenres : leur taux de testostérone ne devra pas dépasser le seuil de 5 nanomole par litre.

Enfin, une commision étudiera chaque cas, dans un délai de 2 mois, pour valider les gabarits des joueuses dépassant la norme médiane. Un référent s’assurera de l’intégration des joueuses.

Par ces mesures, le rugby montre qu’il est un sport inclusif, ouvert à toutes et à tous. Il reste maintenant à ce que ces résolutions soient bien accueillies et appliquées par l’ensemble de la communauté rugby.