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Le FCG-Amazones, évoluant en Elite 1 depuis deux ans a annoncé dix départs et onze arrivées au sein de son effectif pour la rentrée 2020 dont la capitaine Emeline Gros. Retour sur l’évolution du club, et la problématique de la répartition des joueuses de l’Elite sur le territoire avec Emmanuel Pellorce (entraîneur du FCG Amazones).

Credit Photo : Karine Valentin

“Ça a été une année compliquée”

Quel est votre bilan de cette nouvelle saison dans l’Élite ?

Ça a été une année compliquée. Sportivement ça a été un peu difficile puis avec le Covid-19, ça a été très particulier. On n’a pas pu finir l’année. On aurait voulu terminer la saison pour pouvoir prétendre à la quatrième place et avoir un classement différent (12ième au classement interpoules). Malheureusement on n’a pas pu, mais c’était la santé avant tout, le rugby était secondaire.

“On souhaite faire évoluer notre jeu”

Sur quels projets avez-vous travaillé durant le confinement ?

On a beaucoup bossé sur le recrutement. Ensuite sur le nouveau projet, il y a pas mal de changements puisqu’on a des anciennes qui arrêtent. En revanche on a un bon recrutement de joueuses à potentiel et des cadettes qui sont en académie qui vont rejoindre le groupe sénior.

Ça va être dans la continuité de ce qu’on fait, avec des filles qui bossent beaucoup, et qui ont cette habitude-là depuis très jeune. On est ravi de repartir sur un projet avec des jeunes qui ont un gros potentiel même si on va perdre un peu d’expérience, c’est évident mais sur l’état d’esprit, ça sera très intéressant.

Aude Constans - rugby féminin - fcg amazones
Credit Photo : Karine Valentin

On souhaite aussi faire évoluer notre jeu. Notre projet qui découle des pros n’est pas adapté au rugby féminin. On souhaite développer un jeu inspiré du jeu à 10, plus instinctif, moins codifié, et plus libre.

“On a bataillé pour essayer de garder Emeline Gros”

10 départs dont la capitaine Emeline Gros, comment un tel changement se gère ?

Il y a 10 départs mais aussi 11 arrivées, c’est ce qu’il faut voir dans la balance. Des mutations il y en a deux, Salomé Maran et Emeline Gros, les autres sont principalement des départs professionnels.

On a bataillé pour essayer de garder Emeline Gros. C’était important qu’elle reste à Grenoble pour la continuité, pour les jeunes qui montent, pour le projet. Elle porte cet état d’esprit de travail que j’aime bien. Je pense qu’elle a pris la bonne décision pour elle, c’était le bon moment. Elle a beaucoup donné pour les Amazones et c’est le moment pour elle de partir et de voir autre chose, et d’être dans un environnement extrêmement favorable.

Emeline Gros - rugby féminin - fcg amazones
Credit Photo : Karine Valentin

Il y a aussi Malaury Chatron, qui a un super état d’esprit Amazones, va aussi beaucoup nous manquer. Elle a un projet professionnel au Brésil, je suis ravie pour elle, c’est le moment ou jamais de le faire.

Une bonne nouvelle, le retour de Suzie Brozda et de Shannon Van Peuter ?

C’est une très bonne nouvelle pour le club puis les petites -18 ans qui montent ont un vrai potentiel. Elles apporteront un état d’esprit différent. Elles connaissent déjà le haut niveau de manière quotidienne. Je suis ravie de tout ça.

Suzie Brozda- rugby féminin - fcg amazones
Credit Photo : Karine Valentin

“On ne peut pas comparer les filles et les garçons mais les dérives seront les mêmes”

Chaque année des joueuses font le choix de partir jouer dans des clubs situés dans le haut du classement, est que vous comprenez ce choix ?

Si les filles étaient professionnelles ça serait pareil. Quand on est joueur comme Etienne Fourcade (joueur de rugby à XV au poste de talonneur) on aspire à jouer à Clermont qui joue la Coupe d’Europe. Quand on est une fille qui joue en Élite, on aspire à faire des phases-finales.

Salomé Maran fcg amazones rugby féminin
Credit Photo : Karine Valentin

Les clubs sont attractifs, et jouent de ça aussi. À nous d’être dans le TOP 8, TOP 6, TOP 4, dans quelques années. C’est la loi du sport, à nous de faire avancer le projet, de batailler. Les clubs de L’Elite engrangent de l’expérience et ceux qui montent travaillent fort. À nous de prendre le train en marche.

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Pensez-vous que des solutions devraient être envisagées pour une meilleure répartition des filles sur le territoire ?

On ne peut pas empêcher une joueuse de partir jouer à Toulouse ou Montpellier. Je ne pense pas qu’on puisse imposer aux filles d’aller étudier ou vivre ailleurs. Je crois qu’il faut que les clubs se bougent, fassent de la formation. Les clubs riches ont toujours un point d’attraction que les pauvres n’ont pas, ça existe aussi en Top 14.

Romane Silvreste Fcg Amazones Rugby Féminin
Credit Photo : Karine Valentin

On ne peut pas comparer les filles et les garçons mais les dérives seront les mêmes, peut-être encore plus accentuées car les filles attendent que ça évolue. Ça reste de l’humain, lorsqu’il y a des choix sportifs, financiers, il faut aussi penser à son propre intérêt et ça n’empêche pas d’avoir des valeurs. Je ne pense pas que le rugby féminin puisse échapper à ça.

Quel avis avez-vous sur l’évolution du rugby féminin ?

Ça va dans le bon sens, les clubs et les académies bossent bien. Les académies ont deux ans et sont une vraie plus-value. Les filles passent de deux entraînements par semaine à deux par jour. En un an leur progression est fulgurante. Il faut être patient, ça va évoluer de manière exponentielle. 

A l’avenir, les centres de formation se mettront en place, les premiers contrats pros aussi. On se heurte à de nombreux paramètres mais ça bouge. J’ai l’impression que c’est en perpétuelle évolution.

Credit Photo : Karine Valentin

Les départs / arrêts :

Romane Silvestre (AC Bobigny), Salomé Maran (AC Bobigny), Emeline Gros (Montpellier), Alyssia Martin (Us Izeaux), Laura Richer, Mallaury Chatron, Elisa Guiguet, Céline Espit, Alexia Mathonnet, Claudia Gallin, Laurène Camoin, Mathilde Crétinon.

Arrivées :

Shanone Van Peuter (fin de contrat professionnel avec l’équipe de France à VII), Suzie Brozda (Ottawa), Silvia Turani (Parmes), Lorette Jacquot (Lille), Manae Feleu (Dijon), Teani Feleu (Futuna), Julia Turc (formation Grenobloise), Makarita Belainadogo (formation Grenobloise), Emma Poulat (formation Grenobloise), Léa Champon (formation Grenobloise), Lucie Garden (formation Grenobloise).