Fabrice Ribeyrolles entraîneur de l’ASM Romagnat revient sur la nouvelle formule en 4 poules de 4 du championnat de rugby féminin Elite 1, la reprise début septembre, et le rôle de la Commission Rugby Élite féminin.
Que pensez-vous de la nouvelle formule du championnat ?
« Ce championnat ne semble pas très adapté pour les clubs »
Ce n’était peut-être pas la bonne année pour changer de formule. Cette année est exceptionnelle, pour cette raison j’aurais voulu qu’on reste en 2 poules de 8. Nous vivons une pandémie mondiale, certaines joueuses vont préparer la Coupe du Monde, les clubs ont maintenant la possibilité de faire jouer 4 étrangères, et la reprise du championnat est prématurée. Si les filles ne sont pas prêtes on peut se retrouver en difficulté. S’ajoute à cela les 4 descentes en fin de saison sur 16 équipes.
Pour toutes ces raisons il me semblait plus raisonnable de garder le même championnat pour cette année. J’ai écouté les arguments des défenseurs des 4 fois 4 qui voulaient libérer des week-ends pour l’équipe de France. Les doublons pouvaient mettre les clubs en difficultés. Perdre 4 joueuses ce n’est pas simple.
A lire aussi : Elite 1, un championnat en 4 poules de 4 pour la saison 2020-2021
Selon vous quelle formule serait la plus adéquate ?
« L’ancienne formule permettait de laisser aux clubs promus le temps de se construire »
Je comprends la problématique de la fédération par rapport à l’Equipe de France mais je suis pour garder le championnat tel qu’il était. Même si je suis conscient qu’un rétrécissement de l’Elite est nécessaire pour éviter les écarts importants des années passées. Je pense que pour toutes les raisons évoquées il ne fallait pas révolutionner le championnat cette année.
Je comprends aussi que trouver le bon équilibre n’est pas simple, les contraintes sont nombreuses : calendriers, tournois, tournées, le 7s …

Quelles sont vos inquiétudes par rapport au calendrier ?
“Le décorticage du calendrier pose question ”
Le décorticage du calendrier pose question. On finit le 11 octobre et on reprend le 6 décembre pour un match capital, puisque c’est le match de la qualification pour les play-offs. Ensuite, on reprend au mois de janvier puis en avril pour jouer la qualification ou pire le maintien. On va être en difficulté, il va falloir faire preuve d’adaptation en permanence, garder les filles motivées.

“On est inquiet de l’état physique que les filles auront à la reprise ”
Depuis décembre on n’a pas joué un match à XV. On rattaque le 6 septembre avec une préparation physique trop courte. On a demandé aux filles d’être là le 3 août pour la préparation estivale mais on savait très bien qu’on n’aurait pas 50% de notre effectif pendant la première semaine d’août. Il faut savoir qu’elles ne sont pas professionnelles, et ne sont pas rémunérées. Elles sont donc nombreuses à rentrer chez elles l’été pour travailler. Certaines filles seront mal préparées, il faudra que l’on gère les différents états de forme pour éviter les blessures.
A lire aussi : ASM Romagnat : Fabrice Ribeyrolles fait le point après la crise sanitaire.
Lorsqu’on voit les garçons qui s’entraînent depuis fin mai pour jouer fin août/début septembre, on constate qu’il y a un net écart de préparation. On peut donc se demander si la reprise du championnat n’est pas prématurée.

“Ce n’est plus un marathon mais un sprint”
On va attaquer directement des matchs importants car il faut se qualifier dans les deux premiers pour jouer les play-offs. On a donc 6 matchs pour se qualifier, ce n’est plus un marathon mais un sprint, dès la première phase il faut être dans le bon wagon.
Ensuite à la fin de saison, il y a quand même 4 descentes, il peut y avoir des surprises. Si on n’est pas assez bien préparé et qu’on se retrouve dans les play-down ça sera compliqué. On aura une chance sur deux de se maintenir.
Ensuite toutes ces incohérences en termes de calendrier, c’est difficilement compréhensible pour les supporters et ça nous demande beaucoup d’adaptation. On va s’adapter mais je suis déçu du nouveau championnat, et la majorité des clubs voulaient du 2×8.

La commission rugby élite féminin a été mise en place pour réfléchir sur le projet féminin dans son ensemble en lien avec les clubs. Qu’en pensez-vous ?
Impliquer les clubs au maximum dans l’évolution du rugby féminin est une très bonne idée mais le fonctionnement n’est pas encore efficient.
Il manque de lien avec les clubs. Il faudrait que tous les clubs soient représentés, que chacun puisse s’exprimer, faire part de sa vision et de ses problématiques.
Le fonctionnement n’est pas très équitable. Il a deux représentants des clubs et deux clubs invités qui sont toujours les mêmes. Nous n’avons pas tous la même problématique. Pour cette raison, je n’ai pas l’impression que le rugby féminin soit totalement représenté. Un club comme Toulouse ne rencontre pas les mêmes difficultés que Bordeaux, Lille ou Grenoble. En mettant en place deux représentants on ne peut pas représenter tous les clubs.
Les clubs représentent le rugby féminin, ils doivent se sentir concernés et ne pas se concentrer uniquement qu’à leur club, nous avons une page à écrire. Pour l’instant je ne suis pas satisfait du fonctionnement et des décisions prises et je pense que ça serait bien que les clubs se positionnent plus.
A lire aussi : Une nouvelle entité pour le rugby féminin élite.