Les bleues de France 7s sont rentrées de Dubaï où elles ont disputé deux tournois amicaux coup sur coup. Elles remportent le deuxième tournoi et toute leur attention est maintenant portée sur le tournoi de qualification olympique (TQO) qui aura lieu les 19 et 20 juin à Monaco. Coralie Bertrand et Camille Grassineau nous livrent leurs impressions.
Photo de couverture : Victoire en demi finale de la coupe du monde 2018.
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Comment s’est passée la mise en place de la bulle sanitaire ?
Coralie : Nous étions confinées dans nos chambres avec des plateaux repas. Le protocole était strict. Cela nous a donné un aperçu de ce que l’on aura pour le TQO et, je l’espère, pour les Jeux. On a été solidaire, on l’a très bien vécu.
Camille : On a eu des tests PCR avant de partir. On avait une seule sortie par jour, l’entraînement, puis on retournait dans nos chambres. On n’avait pas de soins pour éviter de se croiser, ou de croiser d’autres équipes. C’était une semaine un peu spéciale mais au final cela s’est bien passé.
Ce sera le même protocole pour le TQO ?
Camille : Oui probablement, avec beaucoup de contrôles PCR. On va prendre le moins de risques possibles car si on a le moindre cas de COVID, on sera directement éliminées du TQO. Nous n’avons pas les détails encore, mais probablement que l’on fera un stage assez long entre nous avant.
Quelles étaient les conditions climatiques à Dubai ?
Coralie : Il faisait un petit peu chaud…! 😉 Les températures étaient anormales, il faisait 10 degrés de plus que d’habitude. On avait 37°. Le deuxième match de la journée était le plus dur, il faisait le plus chaud. C’est un mal pour un bien, à Tokyo, il fera à peu prêt les mêmes températures, avec un peu plus d’humidité.
Camille : C’était très chaud, en même temps on y allait un peu pour cela, Tokyo sera dans le même type de conditions. C’est monté jusqu’à 38° donc on a été servies !
Comment se prépare-t-on à jouer dans de telles conditions ?
Coralie : On a fait un cycle en thermoroom. Avec le protocole strict Covid, on était par groupe de 6. Le principe est d’enchaîner des exercices, enfermées pendant 1h dans une pièce où l’on fait varier le taux d’humidité et de chaleur. On faisait plusieurs séances par semaine, cela nous a bien aidé à nous préparer aux conditions de ces tournois.

Comment récupère-t-on entre les matchs?
Coralie : L’hydratation est très importante, la glace aussi pour récupérer. Ensuite ça dépend des personnes, certaines vont faire des siestes, d’autres les bottes de récupération, des massages… A la mi-temps on avait des cryo-vestes, ce sont des gilets avec des blocs de glaces qui nous permettent de bien faire descendre la température. Ca change vraiment la donne. Nous avions des bonnets trempés, cela permet de réguler la température des zones importantes comme le front et le cou. On nous donnait de la glace pilée pour nous rafraîchir. On a essayé plusieurs protocoles pour voir ce qui était le plus efficace pour nous.
Camille : On avait testé l’année dernière les cryo-vestes et les bonnets en Australie, où c’était monté à plus de 40°. C’est vraiment des chaleurs énormes. J’avais été épatée car ça fonctionne très bien. De manière générale, j’ai tendance à me mouiller beaucoup la tête à la mi temps donc le bonnet c’est vraiment top. Les cryo-vestes aussi, ça nous fait redescendre en température rapidement.
Les deux défaites sont à chaque fois le premier match du tournoi face aux USA, est ce que c’est la mise en route qui est compliquée ? Qu’est ce qui explique ces revers ?
Camille : On laisse filer un peu ces matchs, elles gagnent on ne sait pas trop comment, on leur donne la victoire, on aurait dû les gagner. On a une défense très en place mais on perd sur des maladresses, sur du jeu sous pression. Leurs essais ne sont pas forcément très construits donc je pense qu’on est dans le vrai dans notre fonctionnement de jeu. Au vu des matchs ce n’est pas forcément très inquiétant mais il y a des détails à corriger.
Camille, tu as dû avoir le plus long temps de jeu de l’équipe en jouant tous les matchs pratiquement en entier, comment gères-tu tes matchs pour te maintenir dans les meilleures conditions ?
Camille : C’est surtout au niveau de la récupération. Je récupère en dormant, donc je fais une petite sieste entre chaque match. Ca me permet d’avoir un moment à moi, de relâchement. On a accès aux bains de froid, des bottes de récupération, les kinés sont là également. On essaie aussi d’optimiser au niveau nourriture également.
Coralie, dès ton arrivée sur le circuit sevens, tu t’es illustrée en remportant le titre de Rookie of the year 2018. Sur le deuxième tournoi de Dubaï, tu remportes le titre de meilleure joueuse, bravo. Qu’est ce que tu ressens en remportant des distinctions individuelles ?
Coralie : Je n’aime pas trop être sous les feux des projecteurs, j’aime plutôt de le travail de l’ombre ! Sur le moment, j’ai du mal à réaliser. C’est vraiment gratifiant de voir que ton travail perso et du collectif, les deux ensemble, te permettent d’avoir ce genre de reconnaissance, c’est fou ! Je prends vraiment cette récompense pour le collectif, sans collectif aucune joueuse ne pourrait briller. On a été élues les meilleures joueuses du tournoi, je ne le prends pas que pour moi. J’ai du mal à m’attribuer ce mérite.
Avec les deux tournois de mai de Marcoussis annulés, cela tronque la préparation pour le TQO. Qu’avez-vous prévu avant le TQO de Monaco fin juin ?
Coralie : Je ne m’inquiète pas trop, notre entraîneur va essayer de trouver une solution. Peut-être joindre d’autres équipes européennes comme la Grande Bretagne ou l’Irlande, ou des oppositions avec des équipes masculines. Ils essayent de trouver les meilleures solutions possibles en respectant les protocoles.
Camille : Je pense qu’il y aura des choses, mais on avance semaine après semaine, le staff s’adapte. On a le programme des trois prochaines semaines, on sera à Marcoussis entre nous. On a bien fait d’avoir profité de Dubaï car nous n’aurons pas d’autres tournois avant le TQO. C’est cool qu’on ait pu l’optimiser et se mettre en confiance en faisant de bons résultats.
Il y aura deux places pour les JO qui seront attribuées lors du TQO. On s’imagine logiquement que ces deux places seront pour la Russie et la France. Mais on sait tous que sur le 7s, tout peut arriver ! Quelles sont les autres nations dont il faudra se méfier ?
Coralie : En effet, tout peut arriver dans le 7s. Pour reprendre notre entraîneur, il n’y a pas de petites équipes, il faut se méfier de tout le monde. C’est lorsqu’on sous-estime son adversaire, c’est là où ça peut se jouer contre nous, donc il faut se méfier de nous-même. Il faut mettre la même intensité à chaque match.
Camille : Très clairement la Russie et la France sont aux World Series, on joue régulièrement des équipes de bon niveau, c’est un gros avantage par rapport aux autres équipes. Mais en effet, il faut se méfier de tout le monde, ce sont des équipes que l’on ne connait pas. On a déjà vu la Papouasie Nouvelle Guinnée sur un tournoi, elles ont encore beaucoup de travail mais on a vu des individualités, des joueuses qui vont très très vite. Je pense que sur les équipes, cela va être ça, des individualités… L’Argentine sera probablement très structurée. On ne les connait pas toutes, mais il y aura du potentiel dans chaque équipe. Le mieux sera de nous concentrer sur nous, sur notre jeu, jouer à notre niveau, ne pas se laisser avoir par la pression.
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Coralie, participer à tes premiers JO, cela représente quoi pour toi ?
Coralie : C’est les JO, ça serait fou ! Si j’ai la chance d’y aller, je pense que je réaliserai après. A chaque compétition, je suis toujours excitée de commencer. Là c’est les Jeux… je n’aurai pas les mots justes pour définir ce que je ressens à l’approche de cette compétition. Si j’ai la chance d’y aller, il me tarde d’y être.
Camille, tu fais partie des 5 joueuses encore sous contrat 7s ayant participé aux JO de 2016. (avec Fanny Horta, Shannon Izar, Jade Ulutule et Lina Guerin). Participer à tes deuxièmes JO cela représente quoi pour toi ?
Camille : C’est déjà une chance au vu de la crise actuelle, se dire qu’ils arrivent à maintenir les Jeux, c’est un gros privilège. De base c’est déjà une chance d’y aller, mais là, pouvoir continuer à s’entrainer, avoir cet objectif en tête, c’est vraiment cool. Très très envie d’y participer évidemment, comme toutes les équipes. Très envie de décrocher le ticket puis ensuite d’y performer. Le dernier tournoi nous fait dire que nous sommes sur la bonne voie de travail, tout est faisable.

Si la France se qualifie pour Tokyo, quel sera l’objectif de l’équipe ?
Coralie : J’ambitionne pour notre équipe la plus belle des récompenses. J’espère sincèrement qu’on sera en haut du podium. On le mérite et on va se donner les moyens d’y arriver. Je souhaite une chose, ne pas partir avec de regrets. On donnera tout, je donnerais tout, ensuite on verra bien !
Camille : La plus belle des médailles, on va pas se mentir ! Toutes les équipes y vont pour ça donc c’est un peu bateau, mais quand on participe à ce genre d’événement c’est ce qu’on vise.
Est-ce que vous pensez déjà à préparer les JO de Paris dans 3 ans ?
Coralie : On ne dirait pas comme ça mais ça arrive vraiment très vite. Moi, j’essaie de me fixer des objectifs à court terme, là les JO, l’année prochaine la coupe du monde 7s ainsi que la coupe du monde à XV. Bien sûr, on regarde le court terme mais on prépare aussi l’avenir.
On a vu Lina Queyroi et Teani Feleu avec vous à Dubai, ça va dans ce sens de préparer l’avenir ?
Coralie : Oui, malheureusement avec la Covid, on n’a pas eu l’occasion de trop les voir. Il y a un pole olympique, dont elles font parties, avec d’autres jeunes joueuses. Dubaï, c’était une très bonne occasion de leur faire découvrir le haut niveau. Il faut commencer à les intégrer pour préparer le futur.
Comment vit le groupe ?
Coralie : Le groupe vit très bien. On s’entraine très dur, ce n’est pas toujours facile mais le groupe est très solidaire. On s’entend super bien. On se dit les choses, on avance vite ensemble. Je ne vois pas ce qui pourrait casser cela. Ca fait longtemps que je n’avais pas senti un groupe aussi soudé.
Camille : On est beaucoup dans l’adaptation, mais bon comme tout le monde. On arrive à bien le gérer, on continue à s’entrainer, le staff nous organise des oppositions pour que l’on ait toujours le rythme des contacts. On a peu de blessures donc les voyants sont aux verts.
Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite au niveau collectif et individuel ?
Coralie : Déjà gagner le TQO, puis gagner les Jeux ! A titre individuel, je ferai tout pour être à mon meilleur niveau.
Camille : Le meilleur ! 🙂 Déjà se qualifier, c’est le premier objectif. Une fois la qualification faite, avoir les yeux tournés vers la médaille d’or. Pour le groupe, pas de blessures, pour que tout le monde puisse avoir sa chance pour participer au TQO ou aux JO. Tout simplement de performer !
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