Alexandra Pertus formera le nouveau duo de coachs du LMRCV avec Cyril Fouda, qui était déjà en poste. Après 12 ans avec le LMRCV, 7 titres de championnes de France à 7 et 1 titre à XV en 2016, la co-fondatrice de LJA Sports et ancienne internationale nous parle de son expérience en tant que coach.
Crédit photo : Aubin Lipke
Alexandra Pertus, peux-tu retracer ton parcours de joueuse ?
J’ai commencé le rugby à l’âge de 15 ans au club de Vouziers (08) dans les Ardennes avec les garçons. Je me suis très vite rapprochée du club de Charleville Mézières (08). A l’époque, en 2006, les finales du rugby féminin se sont retrouvées sur le même stade à la Roche-sur-Yon. Je jouais les finales du 7 (collectif réduit) et Villeneuve d’Ascq jouait contre Nanterre en Élite 2 à l’époque.
Lorsque j’ai vu l’équipe jouer, je me suis dit : “purée c’est dans cette équipe que je veux évoluer”. J’ai trouvé que les filles combattaient ensemble, elles étaient révoltées, ça m’a plu ! Et à 19 ans, j’ai rejoint le LMRCV. J’ai eu la chance de participer à un stage équipe de France la même année et tout s’est enchaîné. Des sélections en équipe de France à XV et puis à 7, et une participation à la coupe du monde 2009 à Dubaï. Après 7 années en équipe de France à 7, mon parcours s’est arrêté.
“Quand la fin de ma carrière s’est approchée, je n’avais qu’une idée en tête, c’était de continuer à transmettre, et à donner à mon club”
Comment et quand est née ton envie d’évoluer vers le coaching ?
Le coaching m’a toujours fasciné. Quand je suis arrivée au club à 19 ans, mon objectif professionnel était de devenir éducatrice sportive dans le rugby. J’ai passé mes diplômes très rapidement (Brevet d’État d’éducateur sportif 1er degré). J’ai eu en charge les animations dans les écoles primaires de Villeneuve d’Ascq pendant 5 ans et j’ai pu également accompagner les cadettes de mon club. Mais très vite, je me suis aperçue que le coaching et ma pratique du haut niveau n’était pas compatible. Donc j’ai continué mes études dans le management du sport, ce qui m’a appris encore à gérer les Hommes et les groupes.
Quand la fin de ma carrière s’est approchée, je n’avais qu’une idée en tête, c’était de continuer à transmettre, et à donner à mon club qui m’a fait grandir et évoluer.
J’ai eu également la chance d’avoir de nombreux staff avec mes différentes expériences. Il y a des entraîneurs qui te marquent, qui te fascinent et qui te transforment. Je pense souvent à Gérald Bastide (la cordée), David Courteix (France 7s) ou Damien Couvreur (LMRCV).
“Être coach, c’est avoir le pouvoir de transformer les doutes des joueuses en force de caractère”
Comment s’est déroulée ta première expérience en tant qu’entraîneuse de l’équipe 2 du LMRCV ? Qu’en retires-tu ?
Ce n’était pas ma première expérience, mais celle-ci est toute particulière parce que c’est la première fois que je passais autant de temps avec un groupe. J’ai passé plus de 20 heures par semaine à construire les entraînements, à faire des entretiens avec les joueuses, à réfléchir à la construction du groupe, à les faire grandir individuellement en tant que personne au service du collectif.
A l’issue de cette saison inachevée, je suis capable de la comparer à ma meilleure saison sportive en 2016. Quand vous êtes coach, vous avez le pouvoir de transformer un groupe en équipe, vous avez le pouvoir de changer les doutes des joueuses en force de caractère sur le terrain.
Qu’est-ce qui te plaît dans l’activité de coach ?
Ce qui me plait le plus en tant que coach, c’est de créer une aventure humaine. En début de saison, on récupère un groupe avec ses forces et ses faiblesses, avec des joueuses expérimentées ou non, avec des joueuses en manque de confiance ou des joueuses survoltées. Mon objectif premier est de leur faire comprendre qu’elles sont toutes différentes mais qu’ensemble, nous allons vers le même objectif sportif et surtout humain.
“Les valeurs que je souhaite transmettre sont le travail, la rigueur et l’abnégation, s’oublier soi-même pour donner le meilleur de soi au groupe”
Ton passé de joueuse est-il un atout pour le coaching ?
C’est un réel atout. Je sais ce qu’une joueuse attend à l’entraînement, avant un match, pendant et après. Je sais qu’elle a besoin de considération individuelle avec des retours importants dans une saison. Dans une saison, ou même au cours d’un entraînement, la joueuse passe par différents états, et en tant que coach, nous devons le percevoir pour nous adapter.
Comment te décrirais-tu en tant que coach ?
C’est une question assez difficile ! Euh… le mieux serait de le demander à mes joueuses ! Je pense être stricte et engagée. En fait, je suis coach comme j’étais joueuse. Je suis exigeante avec moi-même et avec les autres, je suis à l’écoute et j’essaie de consacrer du temps à chacune sans différence.
Les valeurs que je souhaite transmettre correspondent à celles qu’on m’a appris dans ce club, le travail, la rigueur, et l’abnégation, s’oublier un peu soi-même pour donner le meilleur de soi au groupe.
Entraîner l’équipe 1, était-ce un de tes objectifs à atteindre ?
Je n’avais pas du tout cet objectif en tête. Mon objectif était de continuer à donner à mon club. Je n’avais pas réellement d’objectif de niveau.
Souhaiterais-tu coacher une équipe masculine ?
Cette question me fait sourire. Mon premier objectif était d’entraîner une équipe masculine, j’aurais aimé le faire dans mon club. Mais lorsque j’ai voulu coacher, il y avait un manque pour l’équipe réserve donc j’ai préféré faire ce choix. Mais si un jour l’opportunité de coacher les garçons se produit, je le ferai sans hésiter. J’ai envie de me challenger ! Et puis, il ne faut pas se cacher, les mecs c’est plus facile… ça pose moins de questions ! Mais est-ce que ça travaille autant … ???
Comment envisages-tu ta collaboration avec Cyril Fouda cette année ?
Je ne l’envisage pas, je la vis ! Depuis juin, nous travaillons ensemble. Nous avons tous les deux des méthodes de travail différentes qui sont complémentaires. J’ai besoin que tout soit préparé, cadré, lui un peu moins, ce qui me permet de grandir sur ce point !
“Pour affronter Montpellier, nous serons prêtes dans nos corps et dans nos têtes”
Quelles sont vos ambitions pour cette saison ? Penses-tu que le groupe a le potentiel pour revenir dans le top 4 ?
Nos ambitions … vaste question… Nous avons décidé de choisir notre objectif sportif ensemble (joueuses / coachs) après 15 jours d’entraînements donc il n’a pas encore été décidé. Mais il est clair que nous avons envie de donner le meilleur de nous-même pour se rapprocher des meilleures équipes de championnat.
Que penses-tu de la nouvelle formule du championnat cette année ?
C’est unique, c’est… étrange mais pourquoi pas ? Depuis que je joue au rugby, j’ai du vivre 5 évolutions de championnat ! C’est bien de tester avec les filles, on ne râle pas et on joue !
Comment appréhendes-tu le premier match de poule début septembre contre Montpellier ?
Nous serons prêtes dans nos corps et dans nos têtes. Nous pouvons clairement dire qu’au niveau du palmarès individuel, nous ne jouons pas dans la même cour ! Et alors ? Nous nous y préparons et je vous en dirai un peu plus quand le premier VESTIAIRE commencera. Ce moment que chaque joueuse, chaque coach attend !
As-tu une anecdote à nous partager dans le cadre de ta pratique du coaching ?
Une anecdote… Je ne sais pas si cela en est une, mais en tous cas, je n’ai jamais pris autant de plaisir à annoncer aux filles la date des tests physiques !!
Merci à Alexandra Pertus pour cet échange.
Pour suivre tous les résultats du LMRCV, rendez vous sur la page consacrée à l’équipe.
